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Parcours muséographiques autour de l’esclavage en France et dans le monde – Première partie.

Publié le 21 avril 2022

[Illustration : Willem Leendert Bruckman, Vue de Nantes, 1890 – 1928, Amsterdam, Rijksmuseum, Collection en ligne]

Darmon, Sarah / Besson, Julie

Cet article est écrit dans le cadre du dossier Musées et mémoire : parler d’esclavage au sein des musées, composé d’une introduction et de différentes ressources. Pour retrouver le cadre du dossier, rendez-vous sur l’introduction.

Après ce point historique et pour aborder cette thématique , nous vous proposons de revenir sur quelques initiatives de musées en France et ailleurs dans le monde. 

L’approche en est-elle différente selon la localisation de la ville où se situe le musée, par exemple qu’il s’agisse des villes portuaires de la façade atlantique (notamment  Nantes, Bordeaux, Rouen, villes participant directement au commerce triangulaire), en outre-mer ? Qu’il s’agisse d’un musée de beaux-arts, ou d’un musée ethnographique, d’histoire ? 

Comment présenter les objets des collections permanentes issus d’anciennes colonies ou dont les représentations artistiques s’appuient sur ce passé colonial avec un regard renouvelé ? Quelle peut être la participation des publics à ces initiatives ? Comment faire vivre cette mémoire hors les murs du musée, notamment dans l’espace public ?

Tout d’abord, il est intéressant de noter que bien qu’il y ait eu des volontés politiques, notamment de la part de l’ancien président de la République, François Hollande, et contrairement au Royaume-Uni (International Slavery Museum à Liverpool) et aux Etats-Unis (National Museum of African American History and Culture) , il n’existe actuellement pas en France de musée (mais une fondation) spécifiquement dédié à la thématique de l’esclavage. Devant la complexité d’un tel projet, Benjamin Stora s’interroge : « Un musée oui, mais avec quel objectif ? On ne peut pas montrer un épisode de l’histoire en étant neutre. On ne pourrait pas imaginer un musée pour défendre l’esclavage. C’est pareil pour la colonisation. Ces sujets impliquent un engagement. » 

Le travail sur la mémoire de l’esclavage et sa patrimonialisation est actif depuis une vingtaine d’années environ dans les anciennes villes négrières françaises avec différentes formes, selon que ce travail se déploie notamment dans des salles de collections permanentes de musée d’histoire, de mémorial, ou de parcours dans la ville.

A Bordeaux, le musée d’Aquitaine – dont le regroupement de collections ramenées par des missionnaires, des médecins, des administrateurs, des collectionneurs de pièces provenant d’Océanie, d’Afrique subsaharienne, de l’espace méditerranéen, de l’Amérique et de l’Asie ont permis la constitution d’un ensemble extra-occidental de plus de six mille pièces – indique dans son projet scientifique et culturel pour la période 2020-2025 l’ambition de proposer un “Musée du Nous et de la relation” (1) , avec la volonté de “construire un discours s’appuyant sur les collections avec différents points de vue, différents regards (par exemple pour les collections extra-européennes un regard alternatif posé par des artistes ou individus issus des pays d’où proviennent ces collections)”. Ainsi, dans le parcours permanent, le musée bordelais souhaite présenter une “histoire mondiale de Bordeaux et de l’Aquitaine, et consacre quatre salles (ouvertes en 2009) à la présentation de la ville au XVIIIe siècle, au commerce atlantique et l’esclavage. 

Salle de l’esclavage, musée d’Aquitaine, Bordeaux, photo L.Gauthier, mairie de Bordeaux 
Nous pouvons y apercevoir des chaines tout autour de masques. En fond, apparaissent des cartels.
Salle de l’esclavage, musée d’Aquitaine, Bordeaux, photo L.Gauthier, mairie de Bordeaux 

Si l’on souhaite en apprendre davantage sur les traces historiques de l’esclavage “hors les murs” du musée, il existe également à Bordeaux un site internet dédié “Mémoire de l’esclavage et de la traite négrière”, qui propose un parcours à travers la ville, au moyen d’une carte interactive pour découvrir les sites commémorant et présentant l’histoire de la traite négrière et de l’esclavage. 

A Nantes, sur le site internet du Château des Ducs de Bretagne, musée d’histoire de Nantes, « la traite atlantique et l’esclavage » fait partie des quatres grandes thématiques qui sont développées (les trois autres étant : les deux guerres mondiales, l’industrialisation, et le château des Ducs de Bretagne), mises en avant, avec notamment un zoom sur les collections : une paire de tableaux capitale pour l’histoire de la traite atlantique et du grand commerce maritime au 18e siècle. Il s’agit des portraits de Dominique-René Deurbroucq (1715-1782) et de son épouse Marguerite-Urbane née Sengstack (1715-1784) avec leurs esclaves noirs, peints en 1753 par Pierre-Bernard Morlot. Au XVIIIe siècle, des propriétaires d’esclaves sont fréquemment représentés avec des esclaves à leurs côtés, pour diverses raisons : pour montrer leur statut social, “mettre en valeur” la pâleur de leur peau… Le compte instagram Mieux Vaut art que jamais y a consacré une story “Noir.e.s au XVIIIe”  pour “décoder” ce genre d’iconographie. 

Portrait de Marguerite-Urbane Deurbroucq née Sengstack (1715-1784), peint en 1753 par Pierre-Bernard Morlot.
En premier plan, Marguerite-Urbane Deurbroucq,assise sur une chaise, dans une robe blanche avec des fleurs rouges et bleues. Sa main droite est sur une tasse de café. Derrière elle, une servante lui apporte un plateau. Elle porte une robe blanche et une coiffe blanche.
Portrait de Marguerite-Urbane Deurbroucq née Sengstack (1715-1784), peint en 1753 par Pierre-Bernard Morlot, Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes
Portrait de Dominique-René Deurbroucq par Pierre-Bernard Morlot.

Dominique-René Deurbroucq est assis sur une chaise. Il est en costume vert avec des dorures. Sa main gauche est sur un bureau où figure des documents. 
Derrière lui, un servant assis avec un chien noir sur ses genoux. Il porte des vêtements et un chapeau rouge.
Portrait de Dominique-René Deurbroucq (1715-1782), négociant et armateur peint en 1753 par Pierre-Bernard Morlot, Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes

Ces deux portraits font l’objet d’un commentaire animé (vidéomapping : la lumière éclaire différentes parties des tableaux et une voix commente ce qui est montré) au sein de l’exposition temporaire L’abîme, Nantes dans la traite atlantique et l’esclavage colonial 1707-1830 du 16 octobre 2021 au 30 juin 2022. Au sein de cette exposition, le multimédia tient une place importante avec notamment plusieurs dispositifs multisensoriels comme une table tactile et la lecture audio de documents historiques au sein du parcours de visite. La modélisation du navire La Marie-Séraphique est présentée au public à travers une projection impressionnante et une ambiance sonore qui donne l’impression d’être à l’intérieur du navire. En lien avec cette exposition, le musée d’histoire de Nantes, a produit un podcast en 7 épisodes de fiction historiquement documentée d’une campagne de traite atlantique nantaise “A bord de la Marie-Séraphique”, dont l’écriture est une adaptation libre de la bande dessinée Enchaînés, dans l’entrepont de La Marie-Séraphique. 

Plan, profil et distribution du navire La Marie Séraphique de Nantes
Plan, profil et distribution du navire La Marie Séraphique de Nantes, René LHERMITTE, 1770, aquarelle, Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes

Le musée d’histoire de Nantes aborde également les thématiques du musée décolonial et de l’esclavage à travers des expositions mêlant objets d’ethnographie et art contemporain : Expression(s) décoloniale(s). En 2012, il a invité un artiste majeur du Bénin, Romuald Hazoumé, à mettre en place un parcours ponctué par ses œuvres dans la cour du château et dans plusieurs salles du musée.

La volonté d’immersivité est également présente au Mémorial de l’abolition de l’esclavage de Nantes via son architecture et l’agencement d’un espace en trois parties composé d’ un «parcours extérieur»,  d’un « espace historique » et d’un « parcours méditatif ». Rossila Goussanou dont la thèse portait sur la monumentalisation des mémoires indique dans un article (2) que ce « lieu est pensé pour transcender sa simple fonction de « représenter le passé » mais cherche à établir un lien entre ce passé et son prolongement dans le présent » et cite Pierre Nora  : « Les lieux de mémoire ne sont pas ce dont on se souvient, mais où la mémoire travaille ».  

A Rouen, en mai de l’année dernière, la réunion des musées de la Métropole Rouen Normandie a choisi dans le cadre du mois des Mémoires, de notamment faire un focus sur des objets issus de leurs collections par exemple à travers une boiserie sculptée du XVIIe qui retrace comment les Normands sont partis au Brésil avant l’Amérique du Nord, et ont participé à l’exploitation des forêts conservé au Musées des Antiquités de Rouen ou encore une pince à sucre conservée au Musée Le Secq des Tournelles dédié à l’art de la ferronnerie, typologie d’objets qui se développe au cours du XVIIIe siècle et qui sont liés à l’exploitation des cannes à sucre. Cet objet était utilisé pour casser un morceau de sucre du pain de sucre ramené des Antilles, le plus souvent de Saint Domingue. 

Et qu’en est-il du côté des grandes institutions muséales parisiennes ?  

Il y a une dizaine d’années (2011-2012), une exposition au Musée du Quai Branly intitulé Exhibitions, l’invention du sauvage, avait pour sujet l’histoire des “zoos humains” avec des personnes « exhibées en Occident à l’occasion de numéros de cirque, de représentations de théâtre, de revues de cabaret, dans des foires, des zoos, des défilés, des villages reconstitués ou dans le cadre des expositions universelles et coloniales», du XVIe jusqu’au milieu du XXe siècle. Cette exposition avait été organisée en partenariat avec la fondation Lilian Thuram Education contre le racisme, qui en était le commissaire général. 

Affiche de l’exposition “Exhibitions, L’invention du sauvage”, Musée du Quai Branly

L'affiche reprend une photo où un homme en costume debout est entouré d'enfants noirs assis ou allongés.
Affiche de l’exposition “Exhibitions, L’invention du sauvage”, Musée du Quai Branly

Plus récemment, en 2019, le musée d’Orsay a conçu une exposition sur la représentation des figures noires dans les arts visuels, de l’abolition de l’esclavage en France (1794) à nos jours : “Le modèle noir, de Géricault à Matisse” . Cette exposition, qui s’accompagnait d’une importante programmation culturelle, a rencontré un succès public et qui a pu toucher un public “assez jeune, sans doute plus divers que le public habituel” d’après sa directrice, Laurence des Cars”.  

Dans cette exposition, il était notamment question de redonner une identité à certains modèles noirs de peintures célèbres : la jeune femme noire en arrière plan qui apporte un bouquet de fleurs dans Olympia de Manet s’appelait Laure ou bien encore la jeune femme noire portraiturée par Marie Guillemine Benoist dans une pose rappelant la Fornarina de Raphaël ? On apprend dans l’exposition qu’il s’agissait de Madeleine. Ce tableau – ainsi que le Radeau de la Méduse  de Géricault également étudié dans l’exposition – est visible (à 5 min 38 sec) dans le clip de Beyoncé et Jay-Z, Apeshit

Marie Guillemine Benoist (1768-1826), Portrait de Madeleine, 1800, dit aussi Portrait d’une femme noire

Une femme noire est représentée en portrait, tournée de trois quart. Elle est assise sur une chaise, sur laquelle repose un drap bleu.
Elle porte une coiffe blanche et une paire de boucle d'oreilles. Sa robe blanche dévoile son sein droit. Ses mains sot sur ses genoux.
Marie Guillemine Benoist (1768-1826), Portrait de Madeleine, 1800, dit aussi Portrait d’une femme noire ; présenté au Salon de 1800 sous le titre Portrait d’une Négresse Huile sur toile, 81 x 65 cm, musée du Louvre, INV 2508, Photo © RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) / Gérard Blot

Il est d’ailleurs à noter qu’à son retour d’exposition sur les cimaises du Louvre, le cartel de cette peinture n’avait pas été modifié et restait intitulé “Portrait d’une femme noire”. 

Cette exposition avait fait l’objet d’une importante programmation culturelle et artistique. Ainsi, un projet d’éducation artistique et culturelle (dans le cadre du dispositif du ministère de l’Education nationale, La classe, l’oeuvre ) avait permis à 300 élèves de la 6ème à la terminale des académies de Créteil et de Paris d’exposer au sein du musée d’Orsay leurs productions plastiques (peinture, dessin, collage, photographie) en lien avec un corpus d’œuvres de l’exposition. 

Et en mars dernier, la Bibliothèque Nationale de France a  signé une convention de partenariat avec la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage pour encourager et mettre en valeur la recherche et la coopération scientifique sur ces questions et sa diffusion auprès des publics.  

Cette fondation est née d’un projet initié sous la présidence de François Hollande qui a relancé la réflexion née pendant le mandat de Jacques Chirac (en 2006) pour la création d’une institution autonome du Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CNMHE). C’est suite à l’inauguration du Mémorial ACTe (Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la Traite et de l’Esclavage ) en Guadeloupe en 2016, que des organisations antiracistes avaient appelé à la création d’un musée de l’esclavage à Paris. 

La Guadeloupe, et plus généralement les DOM-TOM, regroupent de nombreux lieux de mémoire consacrés aux mémoires de l’esclavage . Ces lieux résonnent certainement différemment et n’ont pas le même impact au vu de leur situation géographique, sur les lieux même de l’exploitation esclavagiste, et où l’essentiel de la population est liée à cette histoire. C’est également le cas pour les musées africains.  

Aborder l’histoire de la colonisation et de l’esclavage dans les musées africains part d’abord d’un constat : l’institution muséale en elle-même est un concept européen qui s’est importé avec la colonisation. Travailler sur un parcours muséal dans un musée qui était établi implique de changer le regard qui était porté sur son histoire. Les auteurs qui ont travaillés sur ce sujet montrent que les thèmes de la colonisation et de l’esclavage sont tout aussi épineux à étudier pour le personnel des musées africains. Les enjeux historiques et bien sûr politiques sont tout aussi importants. 

Les musées africains

Prenons trois exemples : le fort de Cape Coast au Ghana, le fort São João Baptista d’Ouidah au Bénin, et la Maison des Esclaves de l’île de Gorée au  Sénégal.

Le fort de Cape Coast au Ghana
Le fort de Cape Coast. Crédits : Ghana Museum and monuments Board

Au Ghana, un parcours muséographique existe au sein du fort de Cape Coast, un ancien fort négrier utilisé pendant la traite. Le sujet de l’esclavage est un thème parmi d’autres abordés en deux parties. D’abord, un parcours Crossroads of people crossroads of trade qui présente l’histoire de l’esclavage à travers des cartes, des textes historiques, des photos, des objets d’art, des attributs royaux… La scénographie est faite pour être neutre entre des murs gris soyeux et une lumière artificielle. Seul le sol, un parquet grinçant, vient rompre cette ambiance. La visite sur ce pan de l’histoire se poursuit dans les cachots, dans les salles où étaient placés les esclaves, voir dans les salles de torture. Ces salles viennent montrer l’horreur de ce qui s’est passé. 

La scénographie du MIME : les séparations permettent de voir les salles. Les photos jouent avec la transparence.
Le projet du MIME. Crédits : Les Crayons, agence muséographique

Au Bénin, c’est dans la ville de Ouidah que le fort São João Baptista, ancien fort portuguais, accueille le musée d’histoire de la ville. La ville accueillera bientôt le Musée International de la Mémoire et de l’Esclavage (MIME), actuellement en travaux et qui ouvrira en juillet 2022. Ouidah fut un comptoir majeur à l’époque coloniale. La rénovation du fort et la construction du MIME prennent place dans le programme “Bénin Révélé”.  L’ensemble du projet autour du fort vise à réhabiliter le fort portugais à l’identique, notamment pour la Maison du Gouverneur et la chapelle. Des établissements d’accueil (snack bar, espaces de vente pour les artisans…) sont également prévus au sein de ce grand ensemble pour recevoir les touristes.

Le musée d’histoire du fort d’Ouidah présente la traite de l’esclavage à travers des objets témoins, des documents d’archives mais également des lithographies. Des créations artistiques viennent également compléter le regard sur l’esclavage. 

En comparaison, le projet du MIME prévoit trois niveaux de médiations pour présenter cette histoire. D’abord en montrant “l’essentiel du propos sous forme de plans, textes, cartels, maquettes, manips et fac-similé” , puis un autre espace réservé aux collections qui ont besoin d’une atmosphère particulière. Certaines de ses collections seront sous vitrines. Enfin, en proposant un regroupement des “médias audiovisuels avec saynètes immersives et interviews-dialogues de scientifiques, témoins et sachants.”  [Agence Les Crayons]

La maison des esclaves de l'ile de Gorée: ici, la photo montre un double escalier. Les murs sont oranges.
La maison des esclaves de l’ile de Gorée. crédits : Site du ministère de la culture du Sénégal

La maison des esclaves sur l’ile de Gorée, au Sénégal, est devenue un lieu emblématique de la mémoire de la traite de l’esclavage. D’après le ministère de la culture, 500 personnes viennent visiter chaque jour ce lieu, ce qui est un chiffre important en comparaison avec d’autres lieux touristiques du pays. Le discours de visite qui s’est créé autour de ce lieu a été contesté plusieurs fois, notamment dans le rôle qu’aurait joué cette maison pour l’accueil d’esclaves ou le départ avec la porte de non-retour. Si cela tient pour certains probablement plus du mythe que de la véracité historique, force est de constater que ce discours a influencé d’autres lieux. Par exemple, la ville de Ouidah a également érigé une porte face à la mer pour évoquer ce voyage sans retour. 

Le lieu est devenu rapidement un lieu de « pélérinage », l’île est d’ailleurs une véritable « île-mémoire ». 

Ces initiatives s’intègrent depuis 1994 dans le projet Unesco de « La Route de l’esclave : résistance, liberté, héritage ».

Le tourisme autour de la mémoire de l’esclavage : prémisces et tensions

Le tourisme autour de l’esclavage se construit dès les années 1920 / 1930. Par exemple, l’île de Gorée est promue comme île-mémoire/île-musée dans le cadre d’une politique culturelle coloniale. Evidemment, le propos porté n’est pas le même, puisqu’il s’agit de présenter une vision colonialiste de l’histoire qui s’est passée sur l’île.  

Dès que les Etats sont devenus indépendants, ces lieux ont été repris comme lieux de mémoire. Pour la plupart, ils ont également été inscrits au Patrimoine Mondial de l’Unesco.

Dès lors, le tourisme mémoriel se développe et devient un enjeu politique aujourd’hui encore. Par exemple, le MIME au Bénin s’inscrit dans la politique touristique du gouvernement bénin: tout en permettant de préserver la mémoire, il y a volonté d’attirer.

Aux Etats-Unis d’Amérique, des agences afro-américaines existent pour organiser des séjours autour de ces lieux de mémoire, en couplant parfois même l’offre avec des tests ADN pour pouvoir suivre l’histoire de ces ancêtres.

Notes de fin

(1) L’expression « musée du Nous » est formulée par Benoît de l’Estoile dans son ouvrage Le Goût des autres, De l’exposition coloniale aux Arts premiers, Flammarion Champs essais, 2007, p. 12. Le musée des Autres présente des collections extra européennes, à l’instar du musée du quai Branly. Le musée de Soi est un musée d’histoire, de société qui présente le territoire sur lequel le musée est implanté. Le terme « Relation » est quant à lui privilégié par Myriam Cottias, directrice du CIRESC (CNRS) et membre du conseil scientifique du musée : Mme Cottias invite le musée à s’emparer d’une notion qui fut au cœur de la pensée d’Édouard Glissant et qui exprime la rencontre, les liens tissés entre deux « pensées du monde ».

(2) GOUSSANOU, Rossila. 2018.  » Le Mémorial de l’abolition de l’esclavage de Nantes : une invitation à la réflexion à travers l’expérience immersive ? « . dans GARCIN-MARROU, Flore, MAIRESSE, François, MOUTON-REZZOUK Aurélie. Des lieux pour penser, musées, théâtres, bibliothèques, ICOM – ICOFOM, pp.170-175.

Bibliographie

AFP. (2020). Le Bénin restaure ses monuments pour sensibiliser à l’histoire de l’esclavage. Le Point

EFFIBOLEY, Emery. (2015). « Les musées béninois: du musée ethnographique au musée d’histoire sociale. ». Journal of French Studies in Southern Africa. 44. pp. 30-61.

GAYE, Aliou. (2021). « Processus de patrimonialisation et mise en tourisme des mémoires collectives de l’esclavage à l’île de Gorée » dans Bulletin de l’association de géographes français, 97-3, 304-318.

In Situ. (2013). Les patrimoines de la traite négrière et de l’esclavage

JOACHIM, Fanny. GRAS, Romain. (2016). Esclavage : la course de quatre pays africains au tourisme mémoriel. Le Monde Afrique.

Les Crayons. Projet du Musée International de la Mémoire et de l’Esclavage : MIME.

SEIDERER, Anna. (2007). « Mémoires sous vitrines : mises en scènes de l’esclavage dans les musées du Bénin et du Ghana » dans Conserveries mémorielles, n° 3.

SEIDERER, Anna. (2013). « Pratiques muséales au regard de l’esclavage et de la traite au Bénin. » Africultures, 91, 127-137.

THERASSE, Marie. (2018 – 2019). Histoire muséale de la colonisation : Du musée colonial au musée postcolonial. Étude de cas : Le Musée Africain de Namur. Master en histoire de l’art et archéologie, orientation générale, à finalité spécialisée en muséologie. Promoteurs Duarte Cândido, Manuelina Maria. Faculté de Philosophie et Lettres

Pour citer cet article : DARMON, Sarah, BESSON, Julie (2022). Parcours muséographiques autour de l’esclavage en France et dans le monde – Première partie., Metis Lab, publié le 21 avril 2022. Disponible sur :
metis-lab.com/2022/04/21/parcours-museographiques-autour-de-lesclavage-en-france-et-dans-le-monde-premiere-partie/

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