Accompagné.e.s par son concepteur, nous avons découvert les activités qui pour lui représentaient un ou plusieurs caractères du jeu vidéo et dont le but essentiel était le plaisir qu’elles procuraient.Une exposition extraordinaire, car pensée sous plusieurs angles, montée avec beaucoup d’élégance et qui répond parfois à certaines idées reçues, comme : « le jeu vidéo est-il un pousse-au-crime? », ou « ce n’est pas vraiment de l’art… ».
En parcourant l’exposition, nous comprenons que le jeu vidéo se regarde aujourd’hui autant qu’il se joue, et qu’il se joue en pleine lumière et non plus dans les caves. Il s’agit, comme le rappelle le texte de l’exposition, d’une « success-story pour ce medium hybride, fruit de la rencontre improbable entre la science, le jeu, le business et l’art ». La mission de l’exposition n’est apparemment de conserver ni notre regard sur le jeu vidéo ni le jeu vidéo en lui-même: en revanche, les concepteurs se sont auto-imposés une très grande exigence de respect du lieu, de jeu avec la lumière naturelle (propre au bâtiment de la Fondation), afin de ne pas produire de l’artificiel, de permettre aux visiteurs de se sentir chez eux et non de les cloisonner entre les murs et les objets.
Pour nous le pari est gagné.
Dans l’esprit d’une agora, soulignée par le design du tapis repris aux deux étages de l’exposition, où les générations se mêlent, on déniche quelques attractions cachées. La manière dont les visiteurs les découvrent permet de constater que tous les jeux engagent le corps et que nos cerveaux finissent par le suivre. Nous avons pu nous en rendre compte avec « Dance Dance Revolution », par exemple.
Un espace contraste avec les autres : le jeu y est figé en images fixes, dans l’esprit d’une galerie d’art, temps de repos imprévu pour le visiteur sur-sollicité. Et si vous pensez que le couloir est un simple dispositif de passage, vous verrez que les expériences y sont également présentes, rappelant là aux joueurs invétérés ou occasionnels les nombreux couloirs des jeux vidéos, où la quête d’indices et d’expériences ne cesse pas. Si dans l’ensemble des jeux sont des scènes où l’imaginaire se dépasse, parfois, celui-ci est produit à votre place et vous n’avez plus qu’à le subir.. ou à vous envoler, comme dans l’expérience de réalité virtuelle proposée au sous-sol de la Fondation.
Parfois, les visiteurs ont besoin du temps pour s’approprier l’idée de l’exposition. Jean Zeid nous confie qu’une fois, il a fallu cinq heures pour entendre un « ah ouais, c’est donc ça ».
Ici l’amusement semble être une condition de l’apprentissage. Si vous en doutez encore allez voir vous-mêmes, au risque d’y passer cinq heures…
Exposition « Game: le jeu vidéo à travers le temps », à la Fondation EDF, jusqu’au 27 août 2017.