Compte rendu de la Rencontre Muséo du 18 décembre 2018, au musée du 11 Conti – Monnaie de Paris autour de la notion de conception universelle.

Lebat, Cindy

[Image: Benouville, Jean-Achille, Arbre, 19e siècle, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la ville de Paris, Collection en ligne, Paris Musées ]

La Rencontre muséo du 18 décembre 2018, organisée par Mêtis, a eu lieu au musée du 11 Conti – Musée de la Monnaie.

Elle a pris la forme d’une visite menée par Agnès Abastado (responsable média et contenus numériques) et Anne-Sophie Duroyon-Chavanne (administratrice et responsable des collections et des expositions, 11 Conti-La Monnaie). Elles nous ont présenté le projet scénographique du musée en lien avec la notion d’universal design.

Ce compte-rendu est fondé sur les propos des deux intervenantes. Il est donc le reflet de leur positionnement. Il reprend des éléments de présentation de parcours d’exposition, et notamment de la façon dont les différents dispositifs de médiation culturelle ont été conçus pour coller aux principes d’accessibilité universelle.

La visite s’articule autour de la façon dont a été conçue la scénographie du musée (pour sa réouverture en 2017). Les intervenantes rappellent les principes qui ont depuis le début guidé leurs réflexions : toujours placer le public au cœur, faire un musée POUR le public, et le rendre acteur de sa visite. La notion de design universel s’est tout naturellement immiscée au cœur du projet, afin que « chacun y trouve son compte ». Cela impliquait notamment de ne pas avoir peur de la redondance, et d’axer sur une visite sensorielle et expérientielle (ce qui nécessitait de travailler sur les différents sens ; des ambiances olfactives sont par exemple proposées à plusieurs étapes de la visite, avec des parfums recréant l’odeur des ateliers). Le Design universel est conçu autour de la volonté de proposer à tout le monde des contenus pour réaliser un parcours intéressant et enrichissant. Mais de qui parle-t-on lorsque l’on dit « tout le monde » ? Le terme couvre une multitude de situations : l’enfant, l’étranger, la personne en fauteuil roulant, la maman avec une poussette, etc. L’intérêt du design universel est de ne pas stigmatiser le visiteur.

Le 11 Conti – Monnaie de Paris est un musée installé au cœur d’une usine (bien que la monnaie courante – l’euro – soit pour sa part frappée dans une autre usine, à Pessac, près de Bordeaux). Le travail des artisans devait donc tout naturellement se trouver au centre du projet muséographique.

L’intégralité du parcours est proposé en trois langues : français, anglais et espagnol. Il est – lorsque c’est nécessaire – complété par de la LSF (sur les dispositifs audio), et parfois de braille. Au total, ce sont 1800 objets exposés, sur les 170 000 que contiennent les collections.

Premier dispositif présenté : les plaques en gros caractères, braille et relief. Se présentant comme des cartels développés, elles sont accessibles à tous et notamment aux personnes déficientes visuelles, grâce à leur dimension tactile. Elles sont au nombre de dix tout au long du parcours d’exposition.

Sur les rampes d’escaliers, on trouve une étiquette transparente sur laquelle est indiqué en braille le nombre de marches entre chaque palier.

Une salle est consacrée au tableau périodique des éléments (tableau de Mendeleïev) : elle contient un dispositif multimédia extrêmement complet, conçu pour être facile d’usage, et le plus accessible possible. Il met en avant les éléments utilisés à / pour la Monnaie de Paris. Relativement complet en termes de design universel, il comprend :

un grand graphisme
une version simplifiée du graphisme (en relief)
un dispositif multimédia en trois langues, avec un système de fiches et des images. Chaque détail de l’usage de ce dispositif est pensé pour être facilement utilisable quelque soit les compétences en informatique du visiteur, son âge, ses capacités cognitives, et pour être « tolérant à l’erreur » (ce qui constitue un des principes de base du design universel. Les sept principes sont rappelés à la fin de cet article). Une prise casque complète ce dispositif pour les personnes entendant mal, ainsi que la possiblité de venir ajouter un tour de cou magnétique (pour les personnes appareillées).

Plus loin, un autre dispositif présente, sous forme de vidéo, le geste de l’artisan modeleur. C’est un dispositif très simple et très pédagogique, qui « fonctionne » avec tous types de visiteurs. Il présente également les outils utilisés pour le modelage, qui peuvent être touchés. Ainsi, les personnes déficientes visuelles peuvent elles aussi bénéficier d’une approche spécifique de ce dispositif (une étiquette braille leur est d’ailleurs destinée).

Tous les dispositifs multimédias sont conçus pour être suffisamment exhaustifs pour s’adresser à tous. Ils sont par exemple systématiquement complétés d’une version en LSF lorsqu’ils présentent des éléments audio. Il y a 45 dispositifs multimédia au sein du parcours.

Quelques éléments en volume sont également proposés, notamment à destination des visiteurs déficients visuels.

Dispositif « Le Numiscope » : il est conçu pour être utilisable par les groupes, et constitue à ce titre un support intéressant pour les médiateurs et guides lors de leurs visites. Il s’agit d’un dispositif d’agrandissement, qui permet d’observer le détail de pièces de monnaie (par exemple la pièce de 1€).